Femmes, handicap et violences : le cycle infernal

Manifestation à Nantes contre les violences faites aux femmes
Manifestation à Nantes contre les violences faites aux femmes © Paul Pascal/Département de Loire-Atlantique

D'après un rapport de l'Union européenne, quatre femmes handicapées sur cinq sont victimes de violences. Une réalité alarmante mais invisible. Découvrez le témoignage de Claire Desaint, de l'association Femmes pour le dire, femmes pour agir.

L'association Femmes pour le dire, Femmes pour agir lutte contre la double discrimination qu'entraîne le fait d'être une femme et handicapée. Claire Desaint, qui habite Varades, en est la vice-présidente. Elle présente la nécéssaire communication sur cette violence invisible.

De quelle violence parle-t-on quand on évoque le très inquiétant 80 % de femmes en situation de handicap, victimes de violence ?

Claire Desaint :

Il s'agit de toutes les formes de violences qui peuvent atteindre les femmes, auxquelles s'ajoutent des violences spécifiques parce qu'elles sont handicapées. Des violences verbales, psychiques, économiques, mais aussi physiques et sexuelles, au travail, dans la famille ou dans l'espace public. Mais c'est quand même souvent dans un cadre familial. Chez certains aidants ou aidantes, il y a peut être une façon très malsaine de se "venger" de la personne handicapée, de la contrainte qui pèse à cause de son handicap.

Une certitude ressort clairement de notre cellule d'écoute : ce sont des violences genrées. En plus du regard négatif sur le handicap, qui crée une forme de violence, les femmes subissent une violence particulière plus forte que les hommes handicapés. Peut être plus vulnérables, beaucoup de femmes subissent une domination masculine, accentuée par le fait qu'une femme handicapée ne correspond pas forcément aux standards des femmes idéalisées dans notre société. Certaines se dévalorisent : "C'est normal qu'il me tape parce que je ne suis pas belle", ou "je ne sais pas faire les choses"...

Nous avons pu mesurer cette détresse avec notre cellule d'écoute (01 40 47 06 06). Les chiffres de 4 femmes sur 5 victimes de violence proviennent d'études européennes, mais qui datent un peu. Nous espérons que de nouvelles études nous permettront d'avoir une vision plus fine des problèmes

En savoir plus sur l'étude européenne sur les violences sur les femmes handicapées

Que peut-on faire ?

Ces situations sont souvent méconnues. La chose qui nous paraît la plus importante est de parler de ces violences, de les identifier. Certaines femmes en situation de handicap ne comprennent pas forcément qu'elles sont victimes de violences, qu'elles peuvent dire non. En matière d'éducation à la sexualité, le travail de prévention qui est mené notamment dans les établissements, n'est pas encore suffisant. Le monde médical doit également progresser. Certains médecins ont ainsi des propos très violents envers des femmes, notamment sur la maternité comme "Vous n'imaginez quand même pas avoir un enfant ?"

Une expérimentation intéressante a été menée en Ile-de-France, Handigynéco qui permet d'améliorer l'accès aux droits gynécologiques mais aussi de découvrir des violences et de libérer la parole.

En savoir plus sur l'expérimentation Handigynéco sur les soins gynécologiques pour les femmes handicapées

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